Un Français fera son coq gaulois et se dressera sur les ergots pour affirmer que les Champs Elysées sont la plus belle avenue du monde. Laisse-le jaser. Un américain, en mode western, montera sur ses grands chevaux et dira que la cinquième avenue de New York est de loin la plus belle avenue du monde. Zappe. Ils ne savent pas ce que c’est la dixième avenue de Bwiza, plus précisément le comptoir de chez mon ami Gode. Une perle.
Oubliez les clichés primaires des bars d’un certain Bwiza « où les hauts parleurs vomissent des musiques assourdissantes, des filles de joies partout et des néons qui assombrissent les lieux qu’ils ne les éclairent ». Non. Chez Gode, ça discute aussi. Plus que ça fatigue les tympans d’ailleurs avec des décibels dignes d’un stade du bouillant championnat turc.
Moi, j’aime bien passer le temps chez Gode. J’y rencontre souvent mon ami Pays,-contraction de Vieux Pays en référence à son chauvinisme envers son pays la RDC, le Vieux Pays, le Grand Pays. Pays, c’est un moulin à paroles. Et Dieu merci. Cinq minutes avec Pays, un régal. Birago Diop a cru dénicher la perle rare en la personne d’Amadou Koumba et a publié ses contes, un grand succès. Pays ferait dix fois. Toutes les légendes urbaines datant de plus de soixante, Pays.
Et il n’y a que Pays. Je ne suis pas payé par le ministère du tourisme pour faire le Petit Futé de Bwiza, hein. Et d’ailleurs, le tourisme de masse, ça nous pourrirait l’ambiance – je vous épargne le juron préféré de Pays pour vous montrer à quel point j’en suis convaincu.
Voilà le décor planté, vous avez une idée sur notre nid douillet. Ce dimanche, tout fan de foot a probablement respiré au pouls de l’Etihad, le stade de Manchester City. Le Derby de Manchester, c’est un classique. Ça n’attire que mes amis habituels. Notre belle planète a de la visite. Et c’est bien pour mon Gode.
Et ces amis, ils ont une idée sur
tout. La question de savoir s’il faut garder son silence quand on ne connait
absolument rien sur un sujet n’est pas une question posée. Ce n’est pas la
modestie qui va nous tuer chez Gode. Venez et on vous expliquera pourquoi tel s’est
trompé sur un élément de la physique quantique ou pourquoi, en fait le E=mc²
est une connerie.
Aujourd’hui, actualité
oblige, on a traité du conflit russo-ukrainien. À chaque fois que la
caméra montrait Zinchenko, un Ukrainien de City, il fallait parler de Poutine.
Zelensky n’a pas encore la cote ici. On ne le connait presque pas. Tonton Vlad,
oui. Beaucoup. « Et d’ailleurs, m’a
lancé en Swahili un ancien joueur de première division qui allait me montrer qu’il
est plus épatant quand il parle de foot que de géopolitique, Poutine a quinze visages. Les occidentaux ne
peuvent pas l’arrêter. Ni mkali sana, il se déguise pour se protéger».
Je lui ai lancé un
regard qui devrait crier « là, tu me
prends comme un con en fait ». Mais comme il fallait montrer qu’il n’avait
rien à envier aux spécialistes de la Russie qui viennent de remplacer ceux de
la Covid, il a tenu à rappeler que « Poutine
a signé que la coupe du monde ne se jouera pas après l’exclusion de son pays,
en cas de résistance, il lancera le missile Satan 2 ».
Il connait les noms des
missiles russes. Epatant.
Tonton Vlad, il est
quand même chaud, hein.
Ce missile d’information
n’a pas été intercepté par notre audience comme le feraient les boucliers anti
missiles. Non. Il a été saisi comme une passe décisive pour marquer beaucoup
plus de buts dans le camp ukrainien parce que, « après tout, affirmaient mes amis, Poutine est victime d’un complot ya wazungu, comme Khadafi et Sankara ».
Perso, je préfère
presque ne rien savoir sur ce conflit. C’est un labyrinthe et j’envie ceux qui
en ont une compréhension claire et nette.
J’espère que lors de la
mi-temps du prochain Real-PSG, j’aurai plus de lumière.