vendredi 29 novembre 2019

la bourse du poilissime Polinari

À en croire une de ces formules que nous chérissons sans  trop nous prendre la tête, le cœur aurait ses raisons que la raison ignorerait. C'est ce qui arrive à une jeune fille « wo mû giti » qui tomba éperdument amoureuse d'un Honorable Poilissime aux bikokora a faire retourner Karl Lagerfeld dans sa dernière demeure. Polinari pour ses parents, Apollinaire pour  ses camarades et Popichou pour la demoiselle avait, à la surprise de son maquisard, entiché Kaneza Lauren Van der Outen. Cette fille était la fashion victim par excellence. Son nom arrondi à un néerlandais par excès était, assurait-elle un hommage a un chien qui avait souffert de dépression  parce que « son proprio, un model mort dans un accident à Amsterdam l'avait laissé seul ». Elle avait lu ça dans un tabloïd comme elle l'aimait le faire.
Or, un jour, elle fit cette demande à son Papichou adoré.
- Tu sais,j'aimerais qu'un jour tu me fasses pleurer de joie.
- Et comment ?
- Si tu m'ammenais dans un  resto, dans un coin où l'on parle le créole,où les femmes portent des ladras sur les têtes dans un endroit où abondent cocotiers et palmiers, ooooooh…
Elle ne termin pas sa phrase. Les mains sur le cœur, elle visionnait la scène dans son imagination, transportée comme une religieuse hystérique en transe qui croit être témoin d'une apparition de la Saints Trinité.
Elle rêvait des plages exotiques en Guadeloupe, en Martiniques et que sais-je encore.
Pour faire pleurer sa  Laulau, Polinari usa d'un subterfuge pas moins cocasse. Il mit un bande a sur les yeux de Lauren et lui dit :
- Je t’emmène hahandi.
La go,naïve, crut que le mec allait lui montrer tous les papiers nécessaires pour la virée tant rêvée et répétait sans cesse : « Je croyais pas que tu le ferais, avec la maigre bourse que tu reçois, oooooooh »
Au bout d'une vingtaine de minutes, la voiture du père de Lauren- elle avait sorti le grand jeu pour faciliter la surprise de son homme qui lui avait expliqué qu'il en aurait besoin avec le chauffeur- s’arrêta devant le quatre étoiles sur la photo. Umwigeme akiyibona, elle est tombé en syncope. La suite, personne ne la connaît.
Pourtant Polinari avait raison. Ce qui est écrit en bleu, c'est du créole, ikeke,ibenye etc…. En plus il y'a des palmiers et la femme sur la photo a un madras sur la tête. Aka bourse kiwe kahagandagurikira uko…

dimanche 10 novembre 2019

Que dirait Maupassant sur miss Burundi?





Il est de ces gens dont la mort peut être appelée un « semblant de départ » tant leurs œuvres résistent à l’usure du temps. Leurs visions du monde ont la rare qualité de se moquer des considérations spatio- temporelles. Ce normand moustachu du dix-neuvième reste admirablement présent. En plus de cette vue d’aigle élevé haut dans le firmament pour un regard au dessus de la mêlée, cette force que Finkielkraut conceptualise dans le « penser contre soi même » qui permet de penser son temps sans forcément  être esclave de ses paradigmes, qui, en ce qui concerne ce modeste gribouillis, sont dictés par une minorité qui en font une doxa qui domine en despote nos représentations.
Lui qui a osé nager à contre courant alors que la France croulait devant les armées allemandes au fort de la guerre de 1870-1871 en brossant dans ses nouvelles des soldats français polissons alors que les chauvins prêchaient le contraire. Lui qui s’est moqué de l’hypocrisie de certaines gens de l’Eglise, des gens de la dite bonne société, patriotes républicains pour mettre en exergue l’humanité et la bravoure d’une fille de joie dans ce qui devint sa porte d’entrée dans la cours de grands, les Zola, Flaubert et autres grands manitous de la littérature de son temps dans les « Soirées de Médan » nous chuchote à sa façon sa pensée. Et de se demander : «  Que dirait Maupassant sur Miss Burundi » ?

Autres temps, mêmes mœurs…

Au faîte de sa gloire, Maupassant a publié une nouvelle fort actuelle sur la représentation de la femme : «  Le rosier de Madame Husson », un petit bijou d’à peine une trentaine de pages. Elle retrace l’aventure vécue par Isidore, un garçon qui s’est retrouvé rosier par la force des circonstances. Il faut signaler que normalement le titre de rosière est réservé aux jeunes filles jugées vertueuses pour être les exemples à leurs paires. Un peu l’ancêtre de nos concours de beauté actuelle. Alors que madame Husson, l’organisatrice de l’événement à Gisors ne trouve pas une seule fille qui mérite la couronne parce qu’ «  elles sont éhontées, vont au bal et dansent », on choisit Isidore parce que « la vertu n’a pas de sexe ». Sauf que sieur Isidore, grisé par une bourse généreuse sombrera dans l’alcoolisme et la luxure.
Une façon de prendre à contre pied la prétendue exception que serait les heureux élus de ces concours de beauté, accessoirement de vertu, d’intelligence et autres baratins. Un art de la déconstruction des conceptions imposées que cultive Maupassant, la preuve éclatante restant « Boule de suif ».

Et le Burundi dans tout ça ?

« On nous inflige Des désirs qui nous affligent. » clamait Alain Souchon dans La Foule sentimentale. Et pour enfoncer le clou sur l’ascendant de la publicité sur nos cervelles qu’ils contrôlent, Octave , le narrateur du roman « 99 Francs » de Fréderic Beigbeder  « Je décrète ce
qui est Vrai, ce qui est Beau, ce qui est Bien. Je caste les mannequins qui vous feront
bander dans six mois. A force de les placarder, vous les baptisez top-models ; mes
jeunes filles traumatiseront toute femme qui a plus de 14 ans ».

Et la publicité, chacun l’aromatise à sa guise. De nos jours, un passé fantasmé, où toutes les filles sont la chasteté incarnée, les garçons la vaillance faite homme a bonne presse. Pour certains, un rejet catégorique de ce qui est occidental, synonyme de dépravation fait que ses tenants sombrent dans une logorrhée tournant sur la culture. Incapable de nuancer le fond de leurs concepts, ils se rabattent sur la forme. La dernière étant un Miss Burundi à la burundaise. Peut être me trompe je, mais dans un pays comme le Burundi, c’est un projet titanesque, plus anthropologique qui va au-delà de l’événementiel. Celui-ci a la chance de copier et coller la fille selon la vision des businessmen qui modèlent nos préférences et les grands patrons des médias à la quête des tirages ou / l’audimat car, c’est quoi une fille à la burundaise?

Sommes-nous vraiment descendants d’une civilisation qui a tant appareillé un canon de beauté ? Cette civilisation, le Burundi de souche- quitte à frôler Zemmour-, connait une fille dont la renommée lui a survécu car elle était belle ? En attendant Umuco, je préfère rester chez Maupassant et rire de ceux qui veulent faire du neuf avec du vieux en fantasmant une vertu et une originalité à nationaliser sans nuance.

Quand nous étions de petits marabouts du foot

  La coupe du monde débute à Doha. Les forfaits en cascade me font penser à nos anciens subterfuges de petits footballeurs de bibangano . ...